Avez-vous remarqué que votre enfant préfère jouer seul en ''inventant'' ses jeux qu'avec vous au cours d'activités que vous lui suggérez ? Il passe plus de temps avec les activités qu'il met lui-même en place qu'avec des jeux ou des jouets que vous préparez. Frustrant, non ?
Prenez le temps de bien l'observer : quand il débute une activité, quelle qu'elle soit, qu'il a mis en place tout seul, il peut rester absorbé pendant de longs moments, voire des heures. De quoi revoir complètement la notion d'attention chez les bébés trop souvent jugée à tort très brève...
Si une activité intéresse votre enfant, il peut resté focalisé dessus très longtemps et revenir à cette occupation très souvent, à différents moments de la journée.
Vous avez bien remarqué que votre bébé peut passer de longues minutes à essayer d'empiler des objets, même ceux qui n'ont aucune chance de pouvoir s'assembler, à transvaser des éléments plus ou moins solides d'un contenant à un autre (sans sembler porter la moindre attention à des notions telles que l'étanchéité et porter l'expérience au stade de mini catastrophe). On ne va même pas aborder ici l'expérimentation des feutres sur les feuilles de compta ou sur les murs du couloir !
Pourtant, toutes ces phases sont normales et bien que souvent sources de difficultés et de fatigue pour les parents, elles sont primordiales dans l'évolution de votre enfant. Elles sont même favorisées par le jeu libre.
On peut déterminer 10 points pour favoriser le jeu libre de votre enfant et ainsi l'accompagner dans son développement.
Point n°1 : Le jeu est indispensable pour le développement de l'enfant
Il faut bien avoir à l'esprit que à la naissance, le nourrisson ne maîtrise ni ses mouvements, ni ses interactions avec les objets qui l'entourent.
Très rapidement, il va découvrir son univers proche en développant ses cinq sens. Ainsi, les couleurs, les formes, les textures, les matières... seront découvertes et maîtrisées petit à petit : des actions et des gestes qui vous semblent banals sont pour votre enfant de vraies expériences.
Toutes ses expérimentations vont permettre à Bébé de construire ses savoirs qui lui permettront de développer ses capacités à son rythme.
En comprenant que chacune de ses actions entraîne des résultats, il va pouvoir se fixer des objectifs à atteindre : ''Pour remplir mon seau, je prends ma petite pelle et je mets du sable dedans''.
Très vite, Bébé va détourner les objets à sa disposition de leur usage habituel. Ainsi, il est tentant de transformer un caillou en bonbon... Et les jeux vont devenir rapidement plus élaborés, des personnages vont apparaître, des scénarios vont prendre forme. C'est l'arrivée de votre petit-bout dans l'univers illimité des jeux symboliques !
Parallèlement à toutes ses découvertes, votre jeune enfant va développer de nombreuses compétences : la réflexion, la communication et les bases du langage, l'organisation de son espace, etc... C'est ce qu'on nomme les premiers apprentissages.
Tout cela ne pourra être appréhendé qu'au travers du jeu libre.
Point n°2 : Qu'appelle-t-on exactement le jeu libre ?
Le jeu libre correspond à tous les petits moments est laissé à lui-même par les adultes sans leurs contraintes ni leurs objectifs d'apprentissage. L'enfant profite de ces moments de liberté pour laisser courir son imagination et pour développer ses capacités de manipulation, de création, d'organisation...
Le jeu libre est l'exact contraire des activités dirigées ou de jeux structurés par les adultes où des règles imposées sont imposées.
Le jeu libre est indispensable à votre enfant car il va pouvoir faire uniquement ce qu'il aime au moment où il le veut.
Le fait de respecter le rythme de l'enfant lui permet de développer tranquillement les étapes de ses apprentissages et de ses jeux : évoluer des premières expériences et des découvertes vers des jeux plus élaborés avec des scénarios et même des règles. Il va très vite avoir envie de découvrir, comprendre, s'approprier les objets qui l'entourent pour les utiliser dans le cadre d'un scénario de jeu.
Il faut bien comprendre que si l'adulte veut toujours diriger les activités du petit et lui disant quoi faire et quand le faire, l'enfant ne gagnera pas son indépendance, il restera passif et aura beaucoup de mal à s'occuper seul, voire plus tard à s'organiser seul au cours de ses études.
Cela est valable pour les adultes également. Comment ? En effet, si on nous impose quelque chose pour laquelle on n'a pas d'intérêt, la démarche a peu de chance d'aboutir mais si la motivation est là, les objectifs seront probablement atteints.
Point n°3 : Le jeu libre favorisé chez le tout-petit
Comment peut-on proposer le jeu libre concrètement aux tout-petits ?
Le jeu libre débute en laissant votre bébé en motricité libre couché sur son tapis d'éveil avec des jouets à proximité. Il va ainsi progressivement développer sa motricité pour se retourner sur le ventre, ramper, se mettre à quatre pattes, assis, et finir par se tenir debout et commencer à marcher.
En parallèle au développement de cette motricité, il commencera à saisir et manipuler les objets à sa portée et les maîtriser : il développera ainsi sa motricité fine.
Que faut-il donner à votre bébé pour l'aider à franchir ces différents stades ? Les magasins proposent une multitude de jouets, comment s'y retrouver ?
Les jouets permettent au tout-petit de réaliser découvertes et expériences afin de comprendre et maîtriser ses capacités manuelles et corporelles :
découvrir les propriétés physiques des objets
réaliser des actions de plus en plus compliquées avec ces objets.
Il est donc plus judicieux de se demander ce qu'il est possible de faire avec un jouet plutôt que de penser uniquement au jouet. Le choix sera beaucoup plus simple et le risque de se tromper de jouet sera moindre.
Par exemple, un hochet va permettre de saisir, de manipuler, de maîtriser ses mouvements, de faire des bruits, de les reconnaître... C'est cette idée qui doit vous guider pour trouver le jouet le plus adapté à l'âge et aux capacités de votre enfant.
Il va vous falloir également apprendre la souplesse c'est-à-dire qu'il va falloir accepter qu'un objet (et donc un jouet) ne soit pas utilisé selon son usage habituel. Sinon, vous allez braquet votre enfant et le contrarier dans ses jeux et ses découvertes.
Point n°4 : Le jeu libre quand votre enfant grandit
Ses capacités et son autonomie s'accroissant, il va jouer avec tout ce qui est à sa portée en fonction de ses aspirations et de ses envies sans hésiter à modifier complètement l'usage de l'objet : un savon va par exemple devenir un sous-marin dans le bain...
Cette recherche d'univers va lui permettre d'inventer des scénarios, de créer des personnages et des situations, de prendre lui-même un rôle fictif, etc...
Cette évolution permet alors de distinguer
deux catégories parmi les jouets :
le matériel ''non signifiant''
le matériel ''signifiant''.
Qu'est-ce qui ce cache derrière ces termes ?
Le matériel non signifiant
Ce terme recense les objets qui n'induisent pas d'action précise et qui permettent donc à l'enfant de les utiliser à sa façon en laissant libre court à ses idées et à sa créativité.
Il peut s'agir par exemple de boîtes, de cubes, de morceaux de tissu ou de ficelle, etc... ou même d'éléments naturels (sable, terre, eau, pommes de pin...) ; comme quoi il n'est pas forcément nécessaire de dépenser pour que votre enfant joue pendant des heures !
Ce matériel non signifiant est indispensable au jeu libre : il peut être détourné de son usage habituel et utilisé selon les besoins et les aspirations du moment.
C'est ce concept de ''matériel non signifiant'' qui faisait dire à nos parents et nos grands-parents qu'à leur époque ils pouvaient jouer avec presque rien.
Le matériel signifiant
On parle ici des jouets qui représentent la réalité. Il peut s'agir des poupées, des déguisements, des dinettes...
Ces objets vont être utilisés pour ''faire semblant'', c'est ce qu'on appelle aussi les jouets d'imitation. Très utiles pour créer des univers, ils seront progressivement insérés dans les scénarios de jeux, parfois en association avec des matériels non signifiants.
Point n°5 : Le temps de jeu
Le plus souvent, le jeu libre est décidé spontanément par l'enfant qui décide de prendre quelques objets (jouets ou non) et de le manipuler pour s'inventer une histoire.
Pour cela, votre enfant aura besoin de trois choses :
des moments de liberté qui vont lui permettre de créer, d'imaginer, apprendre seul...
des temps libres assez longs (15 à 45 minutes selon les âges) pour pouvoir développer ses histoires et aller au bout de ses idées. Si vous lui imposez de changer d'activité au bout de quelques minutes, il n'aura pas le temps de s'approprier son propre scénario et en retirera de la frustration.
Des périodes de jeu fréquentes et régulières pour qu'il puisse continuer le jeu commencé et créer de nouvelles activités.
Rien de bien compliqué à mettre en place, si ce n'est qu'il faut insérer ces phases de jeu dans l'organisation générale de la famille.
Point n°6 : De l'espace pour jouer
L'idéal est d'aménager un ou plusieurs espace de jeu pour votre enfant.
Pour les tout-petits, le plus simple est de lui installer un tapis au sol sur lequel il pourra se mouvoir en toute liberté avec quelques jouets à sa portée. L'intérêt de cette solution est que Bébé va facilement s'approprier son espace symbolisé par les limites du tapis.
Les premiers déplacements et donc les excursions hors de son tapis ou premier espace de jeu vont être marqués par une grande volonté de découvrir les nouveaux univers qui s'offrent à lui.
Il faut donc penser à deux choses primordiales :
assurer la sécurité de l'enfant pendant ses jeux : sécuriser l'espace en neutralisant les endroits et les objets dangereux (escaliers, cheminée, cuisine, etc...)
protéger les objets de valeur et fragiles (un accident est si vite arrivé).
Le mieux pour tout le monde est que votre enfant ait un espace personnel, chambre ou/et salle de jeu, où il puisse laisser ses jouets sans devoir les ranger sans cesse. Cette solution de l'espace personnel a plusieurs avantages : il est plus facile à sécurisé, les enfants se créent facilement leur propre univers.
Quelque soit la solution adoptée, il faut essayer de ne pas mettre trop de jouets à la disposition de votre enfant : un trop grand nombre de jouets et d'activités proposés peut être contre productif car il va entraîner une ''surenchère d'envies'' et l'enfant ne réussira pas à choisir et à se poser pour jouer.
Pour éviter cela, il ne faut pas hésiter à organiser un roulement parmi tous les jouets : retirer temporairement de l'espace de jeu certains jouets pour les réintroduire plus tard.
Point n°7 : La place de l'adulte
un jeune enfant ne peut jouer que s'il se trouve en situation de sécurité affective, il convient donc d'être présent, à proximité. Laisser votre enfant un temps trop long seul sur son tapis d'éveil ou dans une pièce risque de le déstabiliser et de créer de l'angoisse au détriment du plaisir de jouer. Un simple passage régulier à proximité suffit pour qu'il ne se sente pas abandonné
l'enfant doit contrôler le jeu : si l'adulte est trop directif ou trop envahissant, il va être perçu comme ''celui qui sait'' et l'enfant devient alors ''celui qui ne sait pas et qui a besoin de l'adulte''
l'adulte doit savoir rester en retrait : être présent sans être trop interventionniste, observer, guider sans imposer, apprendre la flexibilité pour permettre au petit d'aller au bout de son idée et ainsi développer ses apprentissages
parler avec l'enfant : échanger avec lui sur le jeu qui vient d'être fait, demander ce qu'il a aimé, pourquoi, quel jeu sera fait la prochaine fois... Le but de ce genre d'échange est de permettre une réflexion en favorisant le langage
Point n°8 : Et l'ennui ?
Beaucoup de parents ont cette hantise : ''Mon enfant s'ennuie...''
Ne culpabilisez pas quand ça arrive, vous n'êtes pas de mauvais parents pour autant !
Il faut savoir que l'ennui est bénéfique pour le développement personnel d'un enfant : en s'ennuyant, il apprend seul à gérer ses envies, ses frustrations, ses besoins... Il développe ainsi sa créativité, son imagination et donc son autonomie.
Contrairement à la croyance du monde des adultes qui veut que notre temps soit toujours rentabilisé, rationalisé, il est bénéfique qu'un enfant s'ennuie, ne sache pas quoi faire plutôt qu'il soit trop stimulé par un trop grand nombre d'activités et qu'il n'ait pas le temps pour le repos et l'imagination.
Point n°9 : Au quotidien
Le quotidien des familles est généralement bien rempli ! Pas toujours facile de dégager du temps pour jouer avec votre enfant... Le jeu libre prend alors toute son importance car l'enfant va utiliser tous les moments pour jouer. Par exemple, au cours d'une activité imposée comme le bain, il va jouer seul dans l'eau ou au cours d'un trajet en voiture, il va faire découvrir le paysage qui défile à la fenêtre à son doudou.
Point n°10 : Et le jeu dirigé dans tout ça ?
Il ne faut pas hésiter à proposer des activités avec un objectif final comme la cuisine, le coloriage... mais elles doivent rester limitées, surtout avec les petits. Étant imposées et souvent encadrées par des adultes, elles restreignent la liberté et de créativité à l'enfant.
Une clé au jeu dirigé est de combiner une période dirigée (faire un gâteau) et un temps libre (laisser l'enfant faire la décoration finale du gâteau).
Ensuite, quand l'enfant grandit, on peut lui proposer des jeux avec des règles à respecter, tels les jeux de sociétés qui vont commencer vers 2 ans et demi à 3 ans.
Ils sont très intéressants et structurant pour les jeunes enfants car ils améliorent la concentration, l'attention, la vie en société et la cohésion de groupe en respectant des règles strictes.
Il y a deux grandes catégories de jeux de société :
les jeux coopératifs : jouer ensemble avec un but commun (tout le monde gagne ou perd)
les jeux non coopératifs : jouer contre un ou des adversaires (l'enfant va gagner ou perdre seul)
Dans ce dernier cas, votre enfant va découvrir qu'on ne gagne pas tout le temps et que ce n'est pas si grave...
Ces activités de jeu structuré intéresseront de plus en plus votre enfant au fur et à mesure de sa croissance mais attention, elles doivent rester une demande de l'enfant pour ne pas prendre trop de temps sur le jeu libre.
Il faut garder à l'esprit que pour le bien de l'enfant, il faut essayer d'équilibrer le plus possible les temps libres et les activités structurées.
A vous de jouer !
Il n'est pas toujours facile de ''faire les choses bien'', faire de son mieux c'est déjà très bien.
S'il vous est difficile de passer beaucoup de temps à jouer, essayez d'aménager plusieurs temps courts à partager avec votre enfant dans la journée : cuisiner, jardiner, faire les courses... Cette solution vous permettra de prendre du temps et d'échanger avec votre enfant. Ça vaut vraiment le coup de créer ces petits moments de partage...
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